un canot à la mer

À lancer la bouée, on faisait diligence.
On avait des canots comme secours d'urgence
Les marins ont des mots, qui leur font exigence :
« Un homme à la mer ! », « Femmes et enfants d'abord ! »

Et l'homme sacrifiait, pour sauver descendance
Son destin et sa vie, mais c'est réminiscence
De proverbes d'hier qui n'ont plus aucun sens
Quand ce sont des milliers passant par-dessus bord.

Pour aller se noyer, en oser l'occurrence
Fuyards condamnés à l'exil, à l'errance
Remettent en question toute leur existence
Et confient à passeurs, aléatoire sort.

Ceux-là ont chaviré, l'hécatombe commence
La Méditerranée les prive de leur chance.
Un bébé qui s'en va, sa mère tout en souffrance
Qui, ne le sauvant pas, le rejoint dans la mort.

Et tous ces jeunes gens, ignorant même la planche,
Ne sachant pas nager, à l'eau salée étanchent
Leur liberté vaincue, leur soif d'indépendance
Et ils vont tous couler, ces innombrables corps...

Personne n'en veut de ces êtres en partance
De tous ces Africains, de cette transhumance
Dans une Europe soumise à la décroissance
Eldorado piteux qui fait rêver encore.

La terre promise, vers la pitié balance
Mais il est de mise, d'équilibrer finances
Alors pour les sauver, selon les circonstances
C'est aux lieux de départ, qu'elle impute les torts.

Et pourtant retentit, dans le marin silence
Un désespéré cri, demande d'assistance
Avant que par le fond, noyés d'indifférence,
Ne sombrent tant d'enfants qui espéraient un port.

Texte extrait du recueil "D'ambre et de feu" Ed. Les Plumes d'Ocris
Finaliste au concours Amnesty International 2017.


Vos commentaires :

  • Astrid Floch : "Ton poème est magnifique. Effectivement les migrants sont pris en ligne de combat par le FN, il y a des abus mais pas plus qu'ailleurs. Des gens souffrent à cause des guerres et nous devons les accueillir."
  • Sylviane Ghys : " Très très heureuse pour toi Hélène que ce fabuleux poème soit récompensé de cette manière. Si ton Cri « Un canot à la mer» pouvait faire écho et que «tant d'enfants [puissent] espér[er] un port» alors ce serait une merveilleuse récompense hautement méritée!!!!"
  • Anita Vaillancourt : " Merci ! D'une infinie tristesse ! Très impressionnant ce poème ! "
  • Marie Pierrel : " Criant de vérité"
  • Marie Josée Claude : "Poignant poème ! "
  • Phealia Jost : " Excellent texte comme toujours Hélène mais ne pas le lire sans une boîte de mouchoirs près de soi car pour remuer, ça remue."
Hélène Rollinde de Beaumont - Textes et Toiles : tous droits réservés. 
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