Toi et moi

Toi et moi, ce fut n'être qu'une puis naître deux,
Être deux, s'entr'aimer, et puis ne rester qu'une
À verser larmes de sang, pleurer d'infortune
Sur nos deux êtres et leur inacceptable adieu.

Toi et moi : Rencontre en un signe de présence :
Quand un doux mouvement dans mon ventre arrondi
Te révèle germant, là, déjà bien grandi
Et impose à ma vie, ta si chère existence.

Toi et moi, dans la nuit, en un cri de souffrance :
Déchirure explosive en un jaillissement
De ton être qui éclôt à l'enfantement,
En une attendue et merveilleuse naissance.

Toi et moi dans nos jeux ; dans tes rires d'enfance ;
Tes yeux ; ton éveil ; tes mots ; tes pas et ta main
Toujours dans la mienne, tout au long du chemin
Qu'une mère dessine au pinceau de patience.

Toi et moi dans le grand combat d'adolescence :
Quand tu me hais, me renies, me juges, me condamnes.
C'est un fils, c'est un homme qui s'oppose à la femme,
Se nourrit pour croître, de ma pauvre résistance.

Toi et moi aux langueurs rudes de l'absence
Pour tes choix de liberté, bien loin de ta mère,
Ton secours, ton ancrage, ton havre intérimaire
À tes retours de beaux vécus ou d'errances.

Toi et moi dans l'enfer : un râle de silence...
Car la belle promise, trop pressée fut sévère
Et t'emporta, la faucheuse, funeste mégère,
Au mépris du bon ordre et de la convenance.

Toi et moi, comme un défi d'impertinence :
Ton image, ton regard, ta vie et ton esprit
Fleurissent à jamais en mon cœur si épris.
Ma bru nous réunit. Maternelle vengeance !

Texte primé dans la section poésie classique
Prix Albert Barbeaux Charles Bourgeois 2012
Décerné par la ville de Château-Thierry

Quelques uns de vos commentaires :

Catherine Jauffret - 20/10/2011 - "Chère Hélène, ce toi et moi est une merveille dans sa composition et dans son contenu . La faucheuse que tu nommes ta bru doit peut-être nous faire comprendre que ton " fugueur " flirtait avec elle, la désirait ! Je t'embrasse et te remercie .

Carine Wastiel - "Tellement poignant et magnifique, Hélène ! "

Hamouche Zerruki - "C'est sublime de souffrance !! mais  cet amour si puissant du cœur de la mère est aussi profond qu'une âme en déchirure je suis si ému !!! "

Louis de Jongle d'Ardoye - " La funeste faucheuse laisse cette béance inconsolable au coeur de toute maman... Vous l'exprimez avec la sensibilité d'une épreuve inacceptable... Courage et respect Hélène."

Catherine Beaufort : "Hélène, la valeur de tes textes est immense et mérite un recueil. La fluidité, le rythme et la rime interne ou tout au bout... mais aussi les alexandrins tout du long... la recherche du mot juste en fait oublier le contenant mais pas le contenu, le seul que l'on entende... "

Marlène Dzierzynski : " Ton poème est éblouissant d'amour , de beauté et de douleur ! "

Anne-Christel Horr : "Un véritable cri d'amour qui ne peut laisser quiconque insensible ! "

Dominique Henninger : " Bien sûr plein d'écho pour moi . Transcender la souffrance est un bel exploit. Félicitations il doit être fier là haut. Je vous embrasse"


Hélène Rollinde de Beaumont - Textes et Toiles : tous droits réservés. 
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