l'improbable suite d'un serment

À l'aube de maternité,
J'avais juré, je m'en souviens,
En risquant perpétuité,
De tuer de mes propres mains
Qui ferait mal à mes portées
Car animal je devins,
Féroce louve, crocs pointés
Pour préserver mes chers bambins.

Mais la vie n'en fait qu'à sa tête
Et j'ai failli à mon serment,
N'ai pas crevé d'une arbalète
Les maltraitants de mes enfants,
N'ai pris la poudre d'escampette
À voir les choses autrement.
Mais aujourd'hui, je me sens prête
À vous livrer évènement.

J'ignorais qui avait jeté
Ma vie au deuil inacceptable.
Mais un jour, il s'est présenté,
Se jugeant, lui, impardonnable.
J'ai répondu, l'ai écouté
Se lamenter d'être coupable,
Désespéré de remonter
À l'escalier de l'honorable.

Et j'ai connu l'empoisonneur,
Le meurtrier de mon aîné,
Rapha, son pote qui par cœur
A fourni le produit damné.
N'était en rien, non, un dealer
D'un substitut qu'il faut gérer
A prévenu, mais quelle erreur ?
Mon fils, bien seul, s'est condamné.

« Tu t'es trompé, tu as appris,
Ne commets plus l'irréparable
Mais pars encore vers tes amis
Les sauver de l'enfer du diable »
Et de ces mots, comme une fable
Je lui aurais sauvé la vie !

Voici donc la suite improbable
De mon serment non abouti.
Mais fallait-il donc du courage
À nos deux êtres opposés
Pour retrouver un peu d'ombrage
À nos douleurs surexposées
Et puis s'unir dans le partage
Souffrir de l'absence imposée,
Échanger parfois un message
En l'honneur du cher décédé ?

10/10/2016 - tous droits réservés -

Vos commentaires

  • Josée Di Maggio : " Un très beau texte qui décrit trés exactement, toutes les souffrances par lesquelles on passe. j'aurais aimé écrire ce texte, pour ma fille, qui nous a quittés un jour de septembre 2002 pour les mêmes raisons. Il nous faut du courage Je t'embrasse. "
  • Gracia Calore : " Ton poeme parle de souffrance, d'essai de tenir la tête hors de l'eau. Pour cela en face tu regardes , tu tentes de comprendre, tu raisonnes, tu refuses la vengeance. Déjà, tu es sur le chemin du pardon et de l'apaisement. La cicatrice ,tu le sais, est irréductible, mais pardon ne veux pas dire oubli."
  • Marlène : " Où puises tu la force de décrire avec autant de justesse et de justice ce moment déchirant de ta vie... Te lire et peser chaque mot qui dit les maux, mais aussi le pardon que tu donnes m'ont troublée... Merci
  • Nadia Sadia Mehalla : " Tres beau texte qui nous rappelle qu'il ne faut pas faire de serment que l'on ne peut tenir. La vie est traîtresse, manipulatrice, elle nous empêche de voir, d'entendre et de sentir..."
  • Claire Lys : " Impossible de décrire cette souffrance que l'on partage en te lisant... Tes mots sont pudiques et forts, Il te fallut bien du courage."
  • Abdessatar Klai : " Joli et poignant texte. Que faire ? Tu as choisi la plus noble position."
Hélène Rollinde de Beaumont - Textes et Toiles : tous droits réservés. 
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