Le cierge et la flamme

Tout dressé de cire, à l'autel de bure
Dévot aux plaisirs, dans une église obscure,
Pour exaucer un vœu, patient tu attendais
Qu'un croyant malheureux te destine à l'aider.

Alors il m'incendia, moi la petite flamme
Et me porta vers toi, comme on offre une femme,
Vers ta mèche asséchée, ton envie d'exister,
De faire lumière, de dire la clarté.

En frêle étincelle, soudain, je t'allumais.
De mon être irréel, alors tu t'éprenais
Et faisais de l'amour, à me donner la vie,
Ton linceul sans recours, et le mien tout aussi.

Et tu te consumais, de brûler à mon feu.
Toi, cierge, tu fondais, amoureux et heureux,
De blanche laitance, de pieuse semence,
Dont j'ai, pour t'immoler, sucé toute l'essence.

Nous ne vécûmes là que parfaite fusion,
En éphémère écume, en sainte communion,
D'un brasier sans pudeur, sans aucune oraison,
En mourant de chaleur, repus de déraison.

Texte extrait de "D'ambre et de feu" paru en janvier 2016
Texte extrait de "D'ambre et de feu" paru en janvier 2016


Vos commentaires :

Claire Rousset-Lys : "Tremblante lumière comme le scintillement d'un âme qui nous parle encore à travers le tamis du tempse mais en deuxième lecture, je le trouve aussi subjectif et érotique. LOL"

Sylvie Grassi : "Tout simplement superbe"

Laurent Fonlladosa  : "Texte à méditer  qui conserve des mystères. Absence de banalité dans un sujet voulu de tous. Une sorte de pudeur est devant les yeux, caresses de mots à relire, sans début ni fin, un classicisme hérité et mérité qui s'installe en plein vingt-et-unième siècle, allusions à Baudelaire et à Brel peut-être à Barbara, mais une musique sous-jacente, le chant pur d'une fille dans un jardin"


Hélène Rollinde de Beaumont - Textes et Toiles : tous droits réservés. 
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