Dernières pensées de cage

Une lame de tortionnaire
Commence d'entailler ma peau.
Je crie, je hurle de voix vaine
Car lui, ne connaît que les mots.

Ma gorge est tranchée, j'agonise,
Me débats, mais c'est l'habitude,
À l'abattoir, qu'on utilise
Pour nous tuer, cette attitude.

J'aurais pu vivre des années
Paisible vie loin de sa loi
Mais d'élevage, je suis né
Pour nourrir et crever sans droit.

Et dépecé quasi vivant
Ahuri de douleur, je meurs
Sur la chaîne, aligné, pendant,
Lacéré, d'horreur et de peur.

N'ai rien vécu d'autre que cage,
N'ai pas connu le libre champ
Ni l'affection d'un gardien sage
Et n'ai grandi qu'en aliment.

N'ai pas connu douce rivière,
Pas plus qu'un ciel, un pâturage
Ni les bons soins d'une fermière
Je ne sais pas le maternage.

Des carnivores aussi sauvages,
Je le sais bien, en font autant.
Mais pour eux, pas de gaspillage,
Ils tuent le faible de nos rangs.

Là, ma carcasse découpée
S'en va garnir selon morceaux
Avec mes frères étripés,
Étiquetés, plein de cageots.

Ma vie d'enfer, empoisonnée
De produits pour grossir kilos,
De nourriture condamnée,
Finit. Humain, vade rétro !

Il fait des lois, ce pauvre idiot,
Reconnaissant qu'on a un cœur
Palpitant d'amour mais, fiérot,
Bourreau, nous torture en labeur.

24/05/2016 - Texte déposé, tous droits réservés.

Vos commentaires :

Gracia Calore - 25/06/2016 - " Incapable d'apprécier le poème,sujet trop sanglant pour moi, je ne peux pas. Désolée."

Sylvette Hervé - 26/06/2016 - " C'est bien dit, bien écrit. C'est la réalité, combien de temps ça va encore durer ?..."

Nadia Mehalla - 03/07/2016 - " Dommage qu' il n y ait pas plus de poésies aussi cinglantes. Peut être arriverions-nous davantage à réveiller ces peuples endormis. Fait il partie d un ouvrage ?


Hélène Rollinde de Beaumont - Textes et Toiles : tous droits réservés. 
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